Suite : Les troubles anxieux et le tabac

Pour les fumeurs qui, comme Mathias, souffre de troubles anxieux et aussi pour ceux recherchant l'effet relaxant de la cigarette il est intéressant de se pencher sur le lien entre anxiété et tabac.

En effet, dans ma consultation je constatais très fréquemment que les personnes souffrant d'anxiété fumaient et qu'une très large majorité des fumeurs consultant pour arrêter de fumer se disaient anxieux ; aussi je fus curieux de voir s'il y avait des recherches démontrant les liens entre tabagisme et anxiété ce qui est effectivement le cas.
De nombreuses recherches (Regier et coll., 1990 ; Amering et coll., 1999 ; Breslau et Klein, 1999 ; Johnson et coll., 2000 ; Kandel et coll., 2001) montrent que les fumeurs ont un risque accru de développer une agoraphobie, un trouble anxieux généralisé, un trouble panique et une anxiété sociale.
 
Egalement, la recherche de Johnson et coll. (2000) montre qu'un tabagisme important lors de l’adolescence semble être un facteur de risque de développer des troubles anxieux comme l’agoraphobie, le trouble anxieux généralisé et le trouble panique. Inversement, d'après la recherche de Sonntag et coll. (2000) l’anxiété sociale semble être un facteur de risque de développement d’une dépendance tabagique.
De plus, la recherche de West et Hajek (1997) montre que quatre semaines après le sevrage la dimension anxieuse est réduite par rapport au niveau d’anxiété préexistant à l’arrêt du tabac.
Ainsi de nombreux fumeurs se disant anxieux ou stressés, et paradoxalement fumant pour apaiser leur anxiété ou leur stress, vont se découvrir beaucoup plus sereins et apaisés quelque temps après l'arrêt du tabac. J'ajouterai, que contrairement à ce qui est fréquemment affirmé et que de nombreux fumeurs craignent, l'arrêt du tabac au travers de l'approche en hypnothérapie, que je mets en œuvre, ne provoque pas de syndrome d'anxiété.
 
Témoignages de « nouveaux non-fumeurs. »
Pénélope, jeune-femme de 30 ans fume depuis 10 ans. Elle a essayé plusieurs fois d'arrêter ; d'abord avec la méthode Allen Carr puis avec le Ziban. Elle a tenu 3 mois où après une phase anxieuse elle s'est sentie sombrer progressivement dans la dépression. Ingénieur en informatique, elle a repris des études en psychologie clinique ce qui l'amène à porter un regard très détaillé sur son arrêt du tabac grâce à l'hypnose.
Bonjour Jean,
Me voici comme promis pour un petit retour sur mes impressions concernant ces séances d'hypnose m'ayant libérée de l'emprise du tabac.
La fumeuse que j'étais : une consommation croissante depuis dix ans. Rendue à un paquet par jour quasiment. Avec l'impression que la cigarette répondait à chacun de mes besoins, qu'il s'agisse d'un effet stimulant, relaxant, d'un geste de convivialité, etc...
Le sentiment qui prédomine aujourd'hui : c'est la joie d'une liberté retrouvée.
En effet je ne me sentais plus libre. Mes différentes tentatives d'arrêt du tabac m'avaient soumise au même effet yoyo dont on parle pour les régimes. Un peu comme si chaque fois que je voulais en sortir, le piège resserrait son étreinte. Quand j'en parle autour de moi, je dois dire que j'évoque surtout cette dualité entre un effet profond, et une démarche légère. En effet, je craignais que nous allions trop loin dans l'hypnose. Il n'en est rien, je conserve des séances le souvenir d'une exploration bucolique de l'étendue des libertés, et des forces du cerveau.
Mon rapport au tabac désormais : Je me suis confrontée dès le lendemain de l'arrêt à l'épreuve de la bière du vendredi soir entre amis... je n'avais pas envie de m'enfermer dans la crainte de céder, alors j'ai foncé.
Consommer la bière sans cigarette ne m'a pas posé de problème, alors qu'avant l'arrêt, c'était quasiment un crève-cœur de songer à ces moments-là sans cigarette. Quand certains sont sortis fumer, j'ai voulu les suivre. J'ai cédé... enfin presque. J'ai insisté pour me faire offrir une cigarette, je l'ai eue en bouche, le briquet à la main... mais à ce stade : non, j'en n'avais pas envie. Et j'ai rendu, bien fière de moi, briquet et cigarette !
Je ne sais pas expliquer le phénomène qui m'a conduite à cela, n'ayant fait l'objet d'aucune injonction à proprement parler... c'est un mystère, un aimable mystère !
Je suis allée plus loin, en raclant les fonds de boîtes à tabac pour rouler une cigarette à la maison... mais je n'ai pu faire mieux que « crapoter » comme une idiote, à ma fenêtre. Ce qui n'a pas duré plus de deux bouffées, ni ne m'a soulagée... car il n'y avait rien à soulager, si ce n'est, peut-être, un genre de « curiosité défaitiste »... qui fut rapidement renvoyée dans les cordes !
Pas d'angoisse liée au manque. Pas de manque.
Face à l'odeur des cigarettes des autres, pas de gêne majeure (je n'aurais pas apprécié devenir la pénible non-fumeuse intolérante et donneuse de leçon), cependant un peu de caprice quant au désir de ne plus sentir la fumée sur mes vêtements. Cette odeur persistante et envahissante était devenue un vrai déplaisir (chaque objet sentait le tabac dès que je le respirais dans un environnement qui n'était pas envahi de cette odeur comme chez moi !!).
A la vue des fumeurs dans la rue, je ressens un genre de compassion bienveillante et l'envie de leur dire « Mais vous savez c'est possible sans souffrance de s'en libérer ! » ; oui, car aux échecs-à-yoyo précédents était liée une grande souffrance (morale, nerveuse et physique) que j'attribuais à un manque. Je n'ai rien ressenti de cela avec l'hypnose. Consciente de l'espèce de misère qui nous emprisonne (de confiance en soi, en ses forces, misère de courage) quand on est fumeur, je n'insiste pas auprès des fumeurs pour les motiver à se lancer à arrêter, toutefois je fais part de mon état léger et de mon expérience à tous ceux que j'entends souhaiter arrêter !